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CO2 : la grande triche






Comme on le sait, le réchauffement climatique est devenu un problème d’une actualité
« brûlante ». Avec les accords de Paris issus de la COP 21, et ceux qui les ont précédés, la communauté internationale s’est promis de mettre tout en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et notamment les émissions de CO2.

Tout mettre en œuvre, c’est, entre autres, encourager les industries et les carburants qui rejettent moins de CO2 dans l’atmosphère. Les enjeux financiers sont considérables. Et c’est là que les partisans du « bio » éthanol vont tenter de faire passer des vessies pour des lanternes. Ils prétendent, en effet, que la fabrication du bioéthanol ne rejette pratiquement pas de CO2. On lit couramment des phrases comme : « Le bioethanol contribue au développement durable car son bilan d'émission de CO2 est proche de zéro. » (référence)

Qu'en dit-on, du côté du projet Montpertuis? Un rapport de 2014 cite « des impacts forts, notamment sous forme d’émissions de CO2 », mais reproduit également un graphique de 2007 qui prétend que l’éthanol cellulosique rejette 91% de CO2 en moins que le pétrole (pages 3 et 4 de ce document).

Bizarre…. Et toutes ces chaudières, c’est bien de la combustion, donc du CO2 ? La transformation du sucre en éthanol, c’est bien glucose (C6H12O6) donne éthanol (2C2H6O) plus deux atomes de CO2 ? Comment font-ils disparaître le CO2 ?

En réalité, il y a bien rejets de CO2. Enormément, même, encore plus que pour la pétrochimie. Un rapport ministériel de 2013 note ainsi que « la production et la transformation des biocarburants est plus émettrice [ de CO2 ] que celles des carburants fossiles. » (référence ici , p. 5).

Plus précisément, alors qu’une raffinerie pétrolière rejette 0.31 kilos de CO2 par litre de carburant produit, une bioraffinerie d’éthanol 2G en rejette 1,74 kilos, soit 5 fois plus…(voir la table 9 à la page 1134 de cet article; les unités ont été converties dans le système métrique).

Une raffinerie de « bio » éthanol contribue donc 5 fois plus au réchauffement climatique qu’une raffinerie de pétrole de capacité équivalente….

Pour le directeur de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques, "les carburants de deuxième génération, obtenus par voie thermolytique ou enzymatique, utilisent des colonnes de distillation qui relèvent, pour les émissions de CO2, de la problématique des équipements industriels lourds." (p. 58 de ce document)

Mais alors, comment peut-on décemment écrire que la fabrication de bioéthanol ne rejette pas de CO2 ?....




Parce qu’un jour, un communicant a eu une idée géniale : il a imaginé que le CO2 produit par le bioéthanol était « racheté » par toute l’action anti-CO2 qu’a eue la plante avant d’être cueillie – contrairement au pétrole, qui, lui, était enfermé dans l’écorce terrestre. Cela donne cette subtile dialectique :

« Le CO2 libéré dans l’atmosphère lors de l’usage de bioénergies n’est pas considéré comme contribuant à l’effet de serre, puisque ce carbone avait été prélevé auparavant par la plante.... » (p. 19 de ce document). Il y aurait bien rejets, mais rejets compensés par la photosynthèse de la plante quand elle était en vie.

Ce type de raisonnement serait à la limite valable si on plantait un arbre, par exemple, pour chaque centaine de litre d’éthanol produit, afin de compenser les émissions de CO2. Mais en réalité, pour produire l’éthanol, on va couper des arbres qui étaient en train d’absorber du CO2…. L’effet net ne pourra être que négatif, doublement négatif :
- parce qu’on a coupé l’arbre
- parce que la fabrication de l’éthanol elle-même a rejeté du CO2.

Ces deux effets négatifs ne se compensent pas, au contraire, ils s’accumulent.

Si le raisonnement des partisans du bioéthanol tenait debout, pourquoi, alors, s’inquièterait-on du CO2 rejeté par les feux de bois ? L’arbre, après tout, dans « une vie antérieure », a bien absorbé du CO2 ? Pourtant, les feux de bois font problème : beaucoup de spécialistes dénoncent l’impact, sur le climat, des chaudières où brûlent les déchets végétaux, et on incrimine même, dans le réchauffement climatique, la « popote du pauvre », les cuisinières à bois utilisées dans les pays en voie de développement (référence).

Le communiquant qui a fait disparaître le CO2 a fait un coup de maître, car tout le monde cite cette contre-vérité, et personne ne sait d’où elle vient. Ainsi peut-on lire, dans les documents d’experts, que le CO2 du bioéthanol est « considéré » comme nul, ou « considéré comme ne contribuant pas à l’effet de serre » (p. 19 de ce document) ou que, « par convention », ce CO2 ne compte pas (p. 5 de ce document)….

Mais c’est un raccourci à plusieurs milliards d’euros.

En effet, l’Etat français et l’Europe considèrent comme écologique, et donc éligible aux subventions, les carburants qui réduisent de 35% les émissions de CO2 par rapport au pétrole, ou de 50% à partir de 2017 (directive 2009/28/CE sur la promotion des énergies, voir ref 1 et ref 2).

En faussant le calcul, le bioéthanol se donne une bonne longueur d’avance.

Et cette dissimulation ne lui rapporte pas que des financements publics. La finance privée aussi est au rendez-vous.

L’Etat français va ainsi emprunter 6 milliards d’euros supplémentaires au titre des
« obligations vertes », des instruments financiers dont le caractère "vert" relève, pour certains, du tour de passe-passe (voir ici)…

Engie (ex-GDF-Suez) a émis en 2014 des « obligations vertes » pour une valeur de 2,5 milliards d’euros « pour financer des projets dans les énergies renouvelables ». D’où venait l’argent ? En grande partie des épargnants qui avaient investi sur des fonds de placement
« écologiques » ou « responsables »….


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